Du Sud du Mexique au Guatemala
A lire auprès du feu, par petits bouts!
Nos derniers tours de roues dans ce pays immense et plein de contraste vers son tout petit voisin, le Guatemala que nous avons tant aimé.
Nous sommes actuellement au Nicaragua, à la frontière du Costa Rica, et nous avons des tonnes de mots et de photos à vous offrir.
Pour commencer, les piafs ont rédigé à 12 mains leur virée en chiffres:
134 jours
23000 kilomètres
7 pays dont 3 frontières en 2 jours!
nos réserves
entre 6 et 8 litres d’eau par jour pour boire
40l d’eau par jour pour le reste ( vaisselle, toilette, ménage)!
Altitude
le point culminant: 4000 mètres; le plus bas: au Monument Valley, -104 mètres en-dessous du niveau de la mer ?
Températures
maximale: 52 degrés, minimale: 3 degrés
sur la route
1367 ralentisseurs (approximatif!), 4 vidanges d’huile, 2 pocs sur la Piafmobile, POc et Repoc! Aie!
sur la courbe de croissance
Foucault: 5cm, Côme: 3 cm, Théophile: 2,5 cm, Basile: 2,5cm!
Santé
189345 piqures de bébêtes, dont 100000 pour Luc
d’où 1 visite aux urgences… pour l’allergie de Luc qui se transformait en poisson lune!
2 Turista : 1 pour Côme(après l’unique hamburger, véridique! fini, les hamburgers!!!) et 1 pour Caroline (après une Margarita… pas fini, les Margarita!)
sécurité
1vol (téléphone, aux US)
2 pertes ( l’autre téléphone, au Guatemala…et une casquette, on ne sait pas où!)
Nous avons été escortés 2 fois par de gentils policiers (Mexique, Guatemala)
2 fois arrêtés abusivement par de sales flics corrompus ( Mexique et Nicaragua)
On a croisé 50 barrages de militaires armés jusqu’aux dents, qui ont visité 3 fois la piafmobile, mais 0 agression, 10000 sourires
petits extras
1 nuit dans un hôtel
2 nuits sur un ferry
10 soirées home-cinéma dans la Piafmobile!
Combien de rencontres?…Impossible à chiffrer! Unique à chaque fois
Et on n’a pas compté le nombre de photos!
Nous avons été réveillés la nuit par
Des trains, des singes hurleurs, des camions, des Rangers, des coqs, des voitures, le soleil, des chants d’oiseaux, des pas d’animaux sur le toit, la montre de Côme, la pluie, des gens, le tonnerre, le froid, le chaud, le bruit des vagues, un policier ivre chantant sous la douche : » no quiero agua, yo quiero cerbeza! », le ronflement de…, « et ce matin, un bisou ! » dit Basile…
La Piafmobile a dormi
sous des citronniers, des sapins,des palmiers, sur la plage, au fond d’une impasse, sur le port, dans la jungle, dans la montagne, au milieu d’une ferme, dans des quartiers chics, des quartiers pauvres, des parcs, devant un volcan, dans des stations services, en plein centre ville, dans des parkings d’hôtels, de centres commerciaux, devant des maisons d’amis, chez la police, dans la cour d’une église, dans un champ, dans une marina, la tête en bas, la tête en haut, sur la route, dans des campings, au milieu de nulle part…
Ce qui nous manque le plus:
(…silence…)
Une conversation de fille (Caroline ), le fromage, les bonnes baguettes françaises,
la neige et le Québec (Basile)…
à l’unanimité: VOUS, nos amis, nos familles!!!
Oaxaca, San Cristobal de las Casas …et la jungle
Oaxaca, notre région coup de coeur
Dans un parking franchement laissé à l’abandon, nous garons la Piafmobile pour 3 jours et faisons la rencontre d’ un homme incroyable, un amoureux du voyage
Canadien, Georges est régulièrement sur la route depuis 40 ans, pour Caritas ou la Croix Rouge, ou pour le simple bonheur de « traverser ». Il connait donc le continent comme sa poche! Il nous laisse un cadeau inestimable: Sur notre clé USB, la liste des bivouacs avec coordonnées GPS et commentaires, des cartes Garmin pour chaque pays que nous traversons, des infos pour notre traversée au Panama… Plus nous avançons, plus les voyageurs que nous rencontrons nous ressemblent, portés par un même souffle qui pousse à aller un peu plus loin. Le même gout pour la déroute, la rencontre, la simplicité.
Entre nos 2 véhicules, un van abrite un jeune couple californien depuis six mois, volontaires pour une association de micro-crédit: la fondation En Via ( www.envia.org )
En Via travaille avec les femmes d’un village proche de Oaxaca, Teotitlan del Valle, dont le tissage de tapis est la spécialité et la principale source de revenus. Le tourisme est donc primordial. En Via soutient les femmes dans leurs projets et dans la commercialisation des tapis dont elles seules connaissent les secrets de fabrication. Avec un prêt de 1300 pesos (80 €) sans intérêt, les femmes peuvent acheter la laine ou la cochenille pour la teindre, développer leurs ateliers… Toutes les semaines, elles remboursent 10 pesos, et peuvent progressivement obtenir des prêts supplémentaires jusqu’ à leur complète autonomie.
12 volontaires, des jeunes de toutes nationalités, animent pour 3 ou 6 mois des ateliers: cours d’anglais, de gestion, d’internet.
Rencontre de 2 volontaires, Tania, Suisse, et Samantha, Américaine.
Au village, nous sommes frappés par l’atmosphère joyeuse, les visages détendus, la volonté et la créativité des femmes.
Nous rencontrons l’une des pionnières: organisée, elle fait la visite de son atelier et nous présente les différentes étapes de tissage:
Cardage et filage
Teinte avec des produits naturels: cochenille, pierres, insectes,citron, plantes, feuilles ou fruits…
tissage de motifs traditionnels, mais aussi fraichement inventés
Des idées plein la tête pour développer son activité (Casa Bazan ), Rosa respire la créativité et l’intelligence!
Et puis un peu plus loin, nous avons promis de parler de Conchita,qui tient un petit comedor, pas cher et délicieux!
Alors pour ceux qui passent à Teotitlan del Valle, allez au Conchita’s Food, en face de la tortillaria et dégustez les délicieuses Tlayudes, huaraches, quesadillas, …
Concepcion Bautista Lorenzo CALLE AV JUAREZ 104\Tel 019 51 52 44600
les Monti, les 5M et les Carapatte : faites passer!
Oaxaca la ville
nous déambulons dans le Zocalo, en en prenant pleins les yeux et les oreilles
On a adoré l’ atmosphère très particulière dûe au riche mélange des cultures qui colorent la ville: Zapotèques, Miztéques, et autres communautés qui viennent ici pour vendre leur artisanat traditionnel. Beaucoup d’indiens des pueblos avoisinants vendent des huipiles (vêtements brodés), tapis de laine (satrape) animaux en bois sculpté, poteries, la caverne d’Ali Baba. Au marché, nous dégustons le plat local, le mole negro ( sauce à base de cacao et de fèves).
Nous aimerions trouver les mots pour décrire le charme, l’esprit qui règnent au milieu des couleurs, senteurs, et dans le brouhaha incessants du marché. Est-ce dû a la présence des chamans, à l’authenticité des traditions qui font la fierté des indiens? il y a ici une force qui contraste avec la culture de la soumission vue parfois ailleurs.
Des manifestations orchestrées par des mouvements d’extrême -gauche rassemblent les opposants au régime : des slogans virulents dénoncent la faim et la misère des indiens.
le santo domingo
moinillon- danseur! aller…
…et retour!
Chuipiles, dégustations de sauterelles marinées et grillées, ultra proteinées!
Nous frappons à la porte d une école toute bleue et blanche, le directeur nous accueille et nous visitons l,établissement avec deux jeunes collégiennes.
Nous passerons la fin de la matinée avec elles: elles nous accompagnent jusqu’au San Domingo, magnifique couvent attenant à l’église. le lendemain, nous partons pour Monte Alban, la plus grande cité zapotèque
Nous visitons le site cérémoniel, le jeu de balle, l’observatoire et les glyphes très bien conservés.
Monte Alban
grand calme et vaste terrain de jeu
Los danzantes, série de sculptures montrant des hommes dans d’ étranges postures ( danseurs ou prisonniers torturés? les interprétations varient…)
Lorenzo est un artisan local, il parle encore la langue zapotèque. Sa culture est très proche de celles de ses ancêtres: médecine de plantes, alimentation à base de mais, artisanat fait avec la jade locale, cérémonies,… Il vit dans un village près du site, dans une maison au toit de palme comme ses ancêtres.
le Chiapas
la province la plus pauvre du pays (ici, plus de 80% n’ont ni eau potable, ni hôpitaux, ni électricité; la moitié de la population souffre de dénutrition et environ 80% des enfants souffrent de malnutrition.)… Et pourtant, les plus grandes ressources naturelles se trouvent ici: agriculure, élevage, pétrole, gaz…!
« C ‘est la région pauvre la plus riche » dit Basile
« Et la région riche la plus pauvre » répond Théophile.
San Cristobal de las Casas
Fondée en 1528 par les Espagnols.
Ici débuta le mouvement zapatiste.L es rues ont été balayées par la queue de l’ouragan qui a traverse le pays, nous sommes à 2300 m d’altitude.
pour notre arrivée entre chien et loup, nous cherchons un bivouac, pas facile ! Nous devons recevoir plusieurs refus d’hôtels censés accueillir les camping cars. Un peu désoeuvrés, nous nous arrêtons dans la nuit sur la rue principale pour trouver une solution . Théophile repère juste sous nos yeux l’ indication d’un trailer park : dans ces moments de grâce, on croit au miracle!
Pour nos amis campingcaristes: rue guadaloupe de Victoria,près de l hôtel la Merced c’ est un autolavado, et parking pour les bus: eau et électricité à disposition, une lavanderia à 2 pas, en plein centre, donc parfait, bravo Théophile! Nous y rencontrons Lencho , Sol et leur petit garçon Cinchao, qui vivent dans un bus scolaire aménagé et sillonnent les routes sud- américaines depuis 15 ans.
San Cristobal de las Casas, une vieille cité provinciale de l ‘époque coloniale avec ses arcades et ses maisons basses aux fenêtres grillagées de fer forgé, encore et encore… Règne ici une atmosphère très cosmopolite, nous sommes à 2140 m d’altitude, le écarts de températures sont surprenants.
Le marché explose en variétés de légumes, de fèves colorées, et contraste avec les rues piétonnes proprettes et lèchées destinées au touristes ou aux hippies locaux, très présents ici.
Dans une atmosphère new age, écolo-bobo, San Cristobal attire les touristes férus de mystique pré-hispanique.
L ‘avantage : on y trouve une EXCELLENTE boulangerie française, et son jeune boulanger!
Et pour répondre à vos questions sur notre petit quotidien du type:
‘ »mais comment vous faites pour laver votre linge ? »
Voila une lavanderia type, où nous déposons notre linge et le récupérons tout -propre -plié- et-presque-repassé : on paie au poids !
San Juan de Chemula
Un pueblo tzotzile , à flanc de montagne. Nous n’aurons pas le droit de prendre des photos à l intérieur, et pour cause, l’entrée est interdite aux photographes, on prendra quand même la porte en photo, magnifique, du pur style chemula!
Quant à l interieur, complètement fou, en voici la description, la plus fidèle possible …
Dans cette église, pas de bancs ni d’autel. Tous les jours, une bonne centaine de personnes assises à même le sol viennent en procession prier, porter leurs offrandes, cette petite église ne désemplit pas.
De larges pans de tissu fleuris pendent du plafond et, au fond, le Christ est remplacé par le saint local, san Juan.
Partout de longues aiguilles de pin jonchent le sol au milieu de milliers de petits cierges allumés par dizaine, qui tiennent bien droits sur le carrelage.Le décor se perd dans une fumée verticale, embrumé, encensé dans un brouhaha d’incantations et de musique ( flutes, tambours) qui nous plonge dans un autre temps. Les femmes enveloppent leurs visages frippés dans les tissus locaux. Les hommes, eux, portent des vestes de longs poils de laine noire et un chapeau de paille dont il se découvrent en entrant; au cou un miroir en pendentif sert à refleter l’âme de celui qui le porte. Un peu partout, des hommes et des femmes assis tiennent les poules et coqs qu ils vont sacrifier, d’autres aspergent le sol de l’eau de vie locale, mangent et boivent, fument en s’ inclinant avec ferveur… Certains guident les prières des autres bien que chacun semble isolé dans le marmonnement de ses propres incantations; des femmes chantonnent, les enfants s’endorment.
Dans des processions et une atmosphère très mystiques, des gestes indescriptibles rappelant un vague signe de croix se mêlent à des rituels sans doute plus ancestraux. Les fidèles ont apporté des pierres, des bouteilles remplies de la tequila locale qui aide la transe, de la nourriture en offrande…
Tout nous échappe, les codes sont incompréhensibles, mais une force très particulière se dégage de ce lieu. Impossible d’y être insensible…
Nous continuons vers le sud-est dans les bordures de la jungle
Palenque
Qu’il fait chaud et lourd ici!!! Nous visitons l’une des plus grandes cités mayas du Mexique dont on ne voit pourtant qu’une faible partie; le reste est enfoui sous la végétation tropicale. L’atmosphere Indiana Jones plait au plus jeune d’entre nous!
Argg! Une tarentule!
Au petit matin, nous passons la frontière toute proche
Guatemala
Au passage de la frontière, des bâtiments colossaux côté mexicain et de l’autre, une pauvre barraque en préfabriqué : serait-ce l’avant-goût du contraste qui nous attend? le Guatemala, un petit pays, enfin, que nous pourrons visiter sans trop rouler.
A quelques mètres de la frontière, les traces de l’ouragan.
En quelques minutes, nous nous sentons ailleurs.
les paysages et l’ atmosphère humides évoquent pour Luc l’Afrique Equatoriale, l ‘Asie du Sud- Est pour Caroline : tout se dessine en courbes souples: vaches à bosse, douces collines vertes.
Les palmiers dattiers émergent au milieu de vastes champs et dans cette campagne luxuriante, des petits cochons, un cheval, des dindons nonchalants traversent la route; tout cela contribue à laisser de prime abord une impression de sérénité, d’ harmonie heureuse. Les visages sont souriants, les regards curieux et rieurs.Nous sommes au nord du Guatemala, dans le Peten.
l’animal que nous avons le plus souvent croisé!
Sans conteste c est le » tumulos« , plus petit et un peu moins agressif que son cousin mexicain le Tope, mais égal en nombre!
Ici, le soleil se couche très rapidement, à 6 heures il fait nuit noire; on nous déconseille encore le camping sauvage.
Pour notre première nuit, au détour d’un chemin de terre, au milieu des champs, un homme et sa famille nous proposent de garer la Piafmobile devant leur maison.
Le lendemain matin, nous fêterons l’anniversaire de Basile, entourés de la famille de Ricardo et des voisins, curieux et amusés de notre passage.
La matinée se passe en échanges joyeux et simples. Les enfants font visiter leur maison: au sol, de la terre battue; un hamac et quelques chaises dressent le mobilier. Les poules, dindons et cochons vont et viennent. Les enfants du village visitent à leur tour notre maison roulante, on s’observe, se pose des questions, et puis on souffle 7 bougies ensemble!
Une petite fête qui fut une belle surprise pour Basile, pour nous et pour tous nous l’ espérons.
El Remate
La route passe par des flancs de collines couverts de champs de mais dans une végétation luxuriante parsemée de petites maisons de bois. Un coin agreste, doux, peuplé de dindons et de chevaux qui traversent à la hâte l’unique route goudronnée. Ici, l’hiver s’en va doucement vers l’été. Le lac invite au repos, à la baignade… Entre les cours et les devoirs, on en profite !
En l’honneur de l’anniversairé, nous nous offrons une randonnée à cheval. Notre Basile chapeauté joue au cow boy en poussant des « yaaaah ! »pour lancer son cheval au galop! Un cavalier de 7 ans téméraire et enthousiaste !
Ici, tout semble doux à vivre, pauvreté ne signifie pas misère. Au cours de la randonnée équestre, Chon nous explique un peu la situation de son pays: la guerre civile encore très présente dans les esprits, les massacres des années 90, les élections imminentes… Nous apprendrons plus tard que Chon comptait parmi les rebelles.
Nous avons un coup de coeur pour cet homme libre et attachant. Et puis, nous sommes au cœur de l’actualité politique: le deuxième tour des élections présidentielles aura lieu le jour de notre départ!
Tikal
On nous l’avait dit, nous nous y attendions: Tikal nous a éblouit!
Avant le lever du soleil, nous prenons nos frontales, chaussons nos gros souliers et partons dans la jungle, au milieu des cris des singes hurleurs et des premiers battements d’ailes de toucans et de perroquets. Nous partons pour l’ascension du temple qui offre un panorama unique sur la canopée tropicale.
le site est prodigieux, peuplé d animaux et de plantes exotiques… Nous nous sommes perdus dans ses dédales avec une délicieuse inquiétude! Heureux tout de même de retrouver un sentier après quelques heures de totale errance dans la jungle!
Nuovo horizonte
Chon nous donne l’adresse de son frère, fondateur d’une coopérative qui développe parallèlement à sa mission agricole des projets éducatifs et de tourisme solidaire.
Santa Ana, nuevo horizonte
Www.coopnuevohorizonte.com
Visite d une coopérative agricole.
Afin de comprendre la démarche de cette association de paysans mayas, nous devons entrer dans l’histoire du pays et plonger dans une réalité pas franchement douce.
Pendant la guerre civile, un nombre effarant d’indiens furent exterminés, la terrible politique oligarchique et totalitaire de la » terre brulée » fit raser plus de 400 villages dont la majorité des habitants furent massacrés. La guerre fit plus de 15 000 victimes civiles. Alors que la forêt servait de refuge aux indiens, le gouvernement ordonna d’abattre les arbres au nom de la lutte « anti-insurrectionnelle ». Une véritable persécution dirigée contre les indigènes. Aujourd’hui, la reforestation est l’ un des projets de nuevo horizonte.
Alors que la terreur d’ Etat contre les communautés indiennes rurales (descendants des Mayas )avait atteint son apogée de 1982 à1990, 4 organisations de guerillas se regroupaient et près d’un demi-million de personnes- surtout des paysans des hautes terres- leur apportaient un soutien actif.
la coopérative que nous visitons est gérée par d’anciens guérilleros; nous constatons une organisation rôdée et volontaire, défiant le pouvoir en place, des hommes et des femmes qui n’ont confiance que dans leurs propres forces pour penser l’avenir. Cette coopérative rassemble ceux qui ont perdu terres et familles.
Pisciculture, agriculture, commercialisation, tourisme équitable, reforestation, éducation (dans le pays, on atteint un taux d’alphabétisation de 73%, mais l’enseignement n’étant plus gratuit à partir de 13 ans, beaucoup abandonnent).
Nous visitons cette exploitation de 900 hectares où vivent désormais 450 personnes qui pourraient maintenant vivre en complète autonomie.
Derrière la façade souriante qui nous a séduit d’abord, nous comprenons que la violence est encore présente dans les esprits et les moeurs, La « lucha » (lutte) ne semble pas terminée. D’ici la fin de notre séjour, les guatémaltèques auront fait leur choix présidentiel entre un candidat prônant la force armée, émanation directe de l’ancienne dictature militaire, ou un démagogue fascisant. Malheureusement, ces élections ne laissent présager que du pire pour ce pays pourtant si beau, dont les richesses naturelles et humaines semblent une provocation à la violence et à la folie des tyrans qui les gouvernent.
la Côte Caraïbe

On voulait voir ça. Un autre visage du Guatemala, d’autres peaux et d’autres musiques, une autre langue,une histoire à part.
Nous arrivons au bord de l’immense lago Izabel.
Le lac se déverse dans le Rio Dulce qui s’élargit en aval pour se jeter dans la mer des Caraïbes, à Livingston.
Pas de route pour rejoindre cette bourgade à part, et c’est tant mieux! Les Garifunas peuvent donc préserver leur culture et leur identité si particulières.
Pour la première fois nous laissons la Piafmobile une nuit, c’est un peu la fête: une nuit à l’ hôtel!!!
Nous traversons le fleuve en longeant des villages lacustres où la pirogue est le seul moyen de transport, des pontons conduisent aux paillottes sur pilotis dont les habitants vivent de la pêche et du tourisme. Des enfants s’approchent de notre barque pour nous vendre des coquillages ou des carapaces de tortues.
Livingston
A l’embouchure du fleuve, la ville de Livingston nous plonge dans un monde nouveau. Ce qui nous a marqué et touché: la cohabitation étonnante entre le peuple maya, les « ladinos »(métis) et les Garifunas.
Les Garifunas
Beaucoup de Garifunas vivent en Amérique Centrale. Dans l’histoire tumultueuse de l’intrusion européenne sur le continent américain et du trafic d’esclaves noirs, peu d’épisodes sont aussi émouvants que celui du peuple Garifuna.Ils seraient les seuls Noirs du continent américain qui n’aient jamais connu l’esclavage! Issus d’un naufrage de négriers espagnols survenu en 1635 sur l’ile de San Vicente, dans les eaux caribéennes, les survivants africains se mélangèrent aux peuples autochtones en adoptant leur langue; le parler des descendants africains a donné naissance à la langue garifuna, aujourd hui enfin considérée comme culture particulière, digne de protection. La culture garifuna, « chef d’oeuvre de l’humanité », selon l’Unesco.
petit touriste blond
nous partons faire un tour à la playa blanca où nous assistons à un baptême dans la mer
une petite fille qui nous a partagé ses chansons.
A Los sieste altares, nous rencontrons un drôle de chaman
dans son jardin il y a un bassin…
Côme étant toujours partant pour les défis: plouf!
les Hautes Terres, le coeur du Guatemala culturel
Antigua (les photos ont mystérieusement disparues !)
Où les murs passent sans transition de la peinture fraîche à la décrépitude lépreuse. Des airs de cité hantée, perdue, désertée. en cette saison… Singulière atmosphère de ruines après la catastrophe. Est-ce dû aux irruptions volcaniques successives, aux tremblements de terre, est-ce à cause du récent ouragan, de la fin de la saison des pluies? la période électorale et l’avenir incertain ont aussi vidé les rues de leurs touristes.
En revanche, si les couleurs des murs ont été délavées par le temps (ce qui n’est pas sans charme) , les habitants, eux, arborent leurs tissus dans une véritable explosion de couleurs.
pour Fleur: ici, les mamans papotent aussi bien au lavoir que sur la plage du Moulin!
1 er novembre, la Toussaint pour nous. Ici, la fête des Morts.
Nous prenons un petit collectivo (microbus toujours plein comme un œuf!) pour un village situé à 25 km d’Antigua, à Santiago.
Dans les villages, on se retrouve par centaines sur les tombes et mausolées, un cerf volant de papier de soie à la main.
Entrainés par cette foule en marche vers le grand cimetière surplombant la ville, nous nous laissons gagner par le jeu, la fête.
Plus nous approchons du cimetière, plus les cerfs volants flottent au-dessus de nos têtes, le ciel est multicolore!
Si certains sont achetés individuellement, la plupart ont été fabriqués à plusieurs. Tous les âges se réunissent pour commémorer les êtres disparus et agiter dans le soleil le cerf volant confectionné en famille, entre amis, ou avec le village.
Délicat papier de soie, couleurs éclatantes, c’ est un ballet multicolore et dansant au- dessus de nos têtes. Là des tombes fleuries, ici de simple mottes de terre pour les moins argentés. Le cimetière se transforme en un vaste terrain de jeu et tout autour des tombes, des hommes, des femmes,des enfants dressent leurs sourires vers le ciel, poussent des cris de joie devant l’ envol d’un cerf volant ou se désolent en riant de sa chute.
Le vent léger et le soleil ont sans doute contribué à rendre cette journée particulièrement lumineuse mais c’est encore autre chose qui nous a charmés ici. Dans une célébration joyeuse de la vie et de la mort, les fils tendus vers le ciel semblent manifester une confiance évidente dans un au-delà omniprésent.
Nous avons aimé cette manière ludique et joyeuse de rendre hommage aux êtres chers, de les fêter, et de faire des cimetières un lieu de retrouvailles festives. On garde en mémoire l’idée des cerf volants pour la prochaine fête de la Toussaint!
Sur le parking de la police turistica oè nous restons ces quelques jours, nous rencontrons des voyageurs venus d Israel
Jonhathan et Tamara et leur petit garçon
Quand débarque un petit van Westfalia venu droit du Québec,
Au volant: Valérie, une maman sur la route, jeune trentenaire
en copilote: Camille, 7 ans
Leur site
www.voyagerpourgrandir.ca
Elles seront toutes les deux nos comparses pour quelques jours vers Le lac Atitlan.
Comme on dit au Québec, nous sommes » tombés en amour »de cette maman et de sa petite fille, tout le monde est sous le charme!
lac Atitlan
Nous partons ensemble jusqu’ à Panajachel; sur la route, les garçons apprendront à changer un pneu!
Nous nous arrêtons tous les 8 pour un bivouac dont nous aurons du mal à décoller, en face des volcan du lac Atitlan.
retour du marché!
Avec Camille et Valérie, nous apprenons quelques mots dans une langue magique, celle des signes. Et puis nous avons tout compris: Camille est une fée!
Elle a le pouvoir extraordinaire de faire ouvrir les bras et provoque instantanément un élan incontrôlable de tendresse , nous sommes totalement envoutés!
Nos repas à 8 autour du feu devant le volcan resteront gravés dans nos mémoires. De là, nous prendrons une petite lancha vers les villages voisins, passerons à l’association qui soutient la scolarisation des enfants les plus démunis du village, www.clubquetzal.org
les rues sont pleines , les femmes tissent sous nos yeux noeud après noeud des tissus d’une beauté unique.
les hommes aussi sont coquets!
Nous prenons notre envol, encore une fois…
L’ Amérique Centrale en quelques jours , quelques lignes et sans images ( plus d appareil photo!)
Salvador, Honduras, Nicaragua
Ici, on parle peu du passé très récent, les guerres civiles assassines, mais on suppose sans risquer de se tromper qu’il a été terrible. L’état des routes, les rues et les visages mal lavés, les étals frugaux, tout révèle la pénurie discontinue comme s’il manquait le nécessaire pour réparer les moindres petits dégâts de la vie ordinaire. Et puis surtout, où est donc passé ce qui rend digne une famille, un peuple,… la culture ? le contraste est saisissant avec le Guatemala, si culturellement « authentique ». Ici, rêve- t-on davantage de ressembler aux géants du continent ? Disparus ces tissus si beaux et place est faite dans les rues pour la musique américaine tapageuse… d’autres en feraient peut être un autre portait, plus nuancé, ce fut certainement trop court.
Frontières…
Si celle du Guatemala-El Salvador est facile, celle du Honduras fut assez pénible. Nous traversons une faune dense, des étals tous azimuts, des femmes entassées entre leurs paniers d’oranges pelées, des camionneurs aux visages grêlés tendent leurs hamacs sous leurs énormes véhicules en attendant le lever du jour. Nous sommes littéralement harcelés par les faux-guides qui bondissent surla Piafmobileen tentant de nous faire croire qu on ne pourra pas se passer de leurs services pour passer la frontière! Une grappe d’enfants s’accroche aux rétroviseurs pour nous vendre leurs oranges, ou nous demander des chaussures. Nous nous sentons riches, étrangers, mal à l’aise.
Après une série de photocopies et de paperasses, les douaniers, dans leur lenteur soucieuse, tapent avec l’index leur clavier, entre les pauses et les conversations qui n’en finissent pas…
Dans l’attente et la moiteur, nos enfants persévèrent pour avancer leurs devoirs. Ils sont en avance sur le programme, et les premiers résultats sont excellents, chapeau bas!
Nicaragua
Le pays le plus grand d Amérique Centrale, le plus pauvre aussi. Ça saute aux yeux dès les premiers kilomètres. On dit le plus sûr? C ‘est pourtant ici que nous devons subir notre premier vol sérieux: infraction du véhicule, vol d’ appareil photo et de notre argent hebdomadaire…. Aarggg! Les photos de passages de frontières volatilisées… en plus des enquiquinements de policiers corrompus!
Mais une rencontre suffit pour nous faire aimer notre séjour au Nicaragua: pour les amis campingcaristes, allez à Mi Viejo Rancho, a Catarina (près du très beau lac Apoyo), Yolanda est une femme extra, Horacio incroyablement prévenant, et saluez les pour nous!!!
Pour notre première nuit à qq kilomètres de la frontière, nous nous arrêtons dans une station service. Une guirlande de petites filles entourent la Piafmobile, nous vendent leurs oranges.
Nos portes s ouvrent, après quelques rires étouffés dans les cols, les questions habituelles, l’épellation de chaque prénom, nous nous installons sur une marche en béton, cherchons l ‘atlas, et nos albums pour enfants en espagnol. Une bibliothèque Uno ( le Shell d’ Amerique Centrale) s’improvise à la tombée de la nuit. Âgées de 7 à 12 ans, ces fillettes ne savent ni lire ni écrire mais aiment visiblement les histoires.
Quand je leur demande de dessiner à quoi elles aimeraient que le monde ressemble, elles me disent leurs rêves: avoir un lit, de belles chaussures, une belle maison, et une bicyclette!
dessin de Basile
Dessiner, lire, se conter des histoires est un Sésame prodigieux pour se rencontrer, « être » ensemble.
Voila la frustration de la route: le choix de l’ itinérance rend les rencontres fugitives, bien qu’intenses. Même s il est arrivé que nous ayons l’envie de nous attarder, ce déplacement , curieux, observateur, que nous espérons généreux aussi, est une école passionnante et riche, et nous ne nous sentons pas la vocation de rester ailleurs que dans notre maison roulante, à pas de tortue, pas d’autre appel aujourd’hui que celui de prendre la route, chercher encore l’horizon derrière chaque village, et le visage de Dieu derrière chaque visage. Avant de revenir chez nous pour continuer le voyage.
La traversée du Panama nous attire comme un aimant: de l’autre côté, nous avons le projet de nous arrêter plus longuement grâce aux beaux contacts qui nous attendent. Nous poser, donner des coups de mains si possible.
Et puis 2 rendez vous très importants nous attendent en Equateur!
Pour clôre, un dessin de Côme qui met à l’honneur le tissage guatemaltèque comme une oeuvre d’art!
titre: Métissage
Bonheur bonheur bonheur!
Quel plaisir de vous lire!!
Aye aye aye, quelle aventure! Je me demandais comment vous aviez vécu les derniers jours pour vous… Que d’histoires!
Nous pensons souvent à vous et vous portons dans nos cœur!
Bizou spécial a koucoco de Camille et becs de nous 2 à vous 6!