Bienvenue au monde à Antoine!
Vers l’ Eldorado, à petits pas, en commençant par le Nord du Pérou
( dans le lien Bivouacs, pour ceux qui nous suivent, la liste continue)
Derniers tours de roues en Equateur
à Cuenca, après des heures de vol et de transit, 2 nouveaux piafs prennent la route avec nous: les parents de Caroline s’ ajoutent à notre petit monde pour 2 semaines : gazouillements, piafferies, joie des retrouvailles! Nous nous gargarisons de nouvelles nationales, électorales, la crise et le triple A, et surtout de nouvelles familiales (on en veut toujours plus! Les petits cousins-cousines manquent)!
les parents se glissent parfaitement dans notre rythme de nomades, grand merci à vous 2 d’avoir si bien joué le jeu d’une vie itinérante!
Vilcabamba
Dernière étape équatorienne
Le 6 janvier, la fête des rois se célèbre dans la rue, et dans la Piafmobile aussi:
Vive la Reine!
et vive les Rois!
en offrande à l’enfant Jésus: de la chicha, alcool de mais,Santé!
Nous suivrons en musique le début d’une longue procession depuis l’église: le petit niño Jésus sera déposé dans la chapelle d’un autre village.
Vilcabamba, la ville de l éternelle jeunesse?
Rues silencieuses, place paisible. Nous croisons beaucoup de seniors aux cheveux blancs au pas alerte et assuré. On dit que l’ on vit plus longtemps ici…Attention, c est sérieux, plus que de simples rumeurs, c’est prouvé! Des chercheurs américains, nutritionnistes, gériâtres, scientifiques de tous poils avancent des théories plus ou moins convaincantes pour expliquer le phénomène. Reste que l’atmosphère tranquille et reposante préserve certainement du stress…
A Vilcabamba, beaucoup d’Américains bobos ou ex-hippies se sont installés comme chez eux, peut être pour ne pas vieillir? La place regorge de troquets où le menu figure en Anglais (vegetarian sandwiches and organic muffins) et de tour operator pour des excursions « all inclusive »! Au milieu de cet îlot de Ricains, les « locaux » un peu (pas trop encore) gâtés par le tourisme continuent de couler de longs jours tranquillles sous le soleil… Et nous, sous l’eau!
Près de l’hôtel des parents, nous découvrons un projet de permaculture, mêlant de manière raisonnée les herbes folles et les plantes endémiques de la région, inspirée des pratiques locales ancestrales ( les fameuses cultures en terrasse que nous retrouverons plus au Sud).
Et le lendemain, la randonnée à cheval sur la crête est une véritable cure de jouvence! Au milieu des agaves et des courants tumultueux, Anne-Hélène a réveillé son savoir-faire équestre.
Gilles trotte et galope allègrement, Côme a retrouvé de belles sensations sur un petit cheval andin tonique, Luc aussi évidemment, Foucault part au triple galop; quant à Basile, il est cette fois un peu moins téméraire la ballade étant plus périlleuse que les dernières fois! Moi, je savoure: la vue depuis la crête est imprenable.
Prochaine galopade familiale sur les plages de la presqu île guérandaise?
El Peru
On passe la frontière en moins d’une heure, du jamais vu!
Nous changeons nos dollars équatoriens en Sol péruvien, pas de queues ni paperasses mais une autre prise de tête: pour tracer le parcours, nous retournons à 4 la carte dans tous les sens, le pays est immense mais plein d’obstacles: il faut faire des choix.
La forêt amazonienne et les Andes paraissent des barrières infranchissables avec la Piafmobile, le territoire péruvien est en effet divisé en trois régions naturellement distinctes: la Sierra (les Andes) au milieu, la Selva (la jungle) à l’Est et la Costa ( la côte Ouest). Tout au long de la traversée, nous entendrons parler de ces trois entités disséminées dans des régions aussi vastes qu’isolées. C’est décidé, pour des raisons de temps et d’accessibilité, nous découvrirons la côte Nord avec les parents; plus accessible, elle nous offre des paysages inattendus, loin des clichés andins… Nous serons saisis tous les 8 par la variété des paysages : des déserts, des rizières, des dunes de sable, de misérables barraques de bois, de riches places coloniales, des hauteurs vertigineuses et enfin la campagne andine inondée de rivières, puis, à nouveau des déserts arides… Tout cela en l’espace de quelques jours, parfois quelques heures, sur la panaméricaine qui nous mène à Lima.
La Costa
Apres une nuit à Piura, nous traversons de longs paysages désertiques.
arrêt picnic sur la route
D’après vous, le désert péruvien:
1. »c’est soleil et sable fin, idéal pour des vacances balnéaires«
2. »y a rien à voir, c’est franchement mort. »
3. »ça change tout le temps, c’est bien mieux qu’une télé! »
Nous, nous avons aimé traverser ces dunes infinies et variées de roches et de sable qui offrent au voyage une belle pause contemplative…
A Pimentel, les parents feront une nuit blanche dans un hôtel de routards avinés… Une fois suffira! Par la suite, nous dormirons dans les parkings chics des hôtels des parents et les retrouvons pour les petits déjeuners gourmands, voire pour un plouf dans la piscine après l’école sur de belles nappes blanches…Changement de rythme super agréable!
La région récelle aussi de véritables trésors culturels pré-incas que les archéologues continuent de découvrir. Nous avons le sentiment d’être privilégiés en explorant ces sites encore mi-enfouis sous le sable: moins connus et moins visités que ceux du Sud, ils révèlent néanmoins des cultures fondatrices et particulièrement avancées.
On assimile souvent la civilisation andine aux Incas, mais de nombreuses cultures les ont précédés:
Les Moches (II-VIIè s.), les Chimus (apogée entre le XII et le XVè s.) étaient des orfèvres habiles et créatifs, maîtres de l’art de la céramique et de l’architecture.
Musée Tumbas Reales de Sipan (Chiclayo)
La pyramide compte parmi les plus grandes découvertes archéologiques du Pérou de ces 50 dernières années ( 1987)
Depuis 1750 ans le señor de Sipán gisait tranquille entouré de quelques milliers d’objets en or et céramique, d’un garde, de sa concubine, de son fils, de lamas et de chiens…
Photo trouvée sur internet, car nous n avons pas eu l’autorisation de sortir notre appareil
Le musée est passionnant, nous découvrons la civilisation Moche, experte en orfèvrerie, métallurgie, céramique, architecture. Les pièces exposées révèlent les échanges commerciaux avec le Chili, l’Equateur, la Colombie ( on retrouve les émeraudes!), la finesse et la beauté des pièces sont à couper le souffle! Les enfants trouvent que ce n’est pas si facile d’être roi: porter tous les jours 15 kg de parures, pectoraux, tuniques, couronnes avec disque solaire, boucles d’oreille gigantesques et percing en or… Pas si dorée, la vie royale!
Trujillo
Huacas del Sol y de la Luna ( temples du Soleil et de la Lune)
La pyramide du Soleil ne se visite pas, elle est en cours de fouille, on la confondrait d’ailleurs facilement avec une colline naturelle, non?
Pourtant, c’est la plus grande pyramide du Pérou et les fouilles réservent encore de belles surprises même si Espagnols en détruisirent une bonne partie en détournant le cours du fleuve Moche. La huaca del Sol avait une fonction politique et administrative, celle de la Luna servait aux rites religieux.
Huaca de la Luna
A la mort du roi, on recouvrait le temple avec des briques d’adobe puis on bâtissait un nouveau temple sur l’ancien: la structure compte ainsi 9 temples s’ajoutant les uns sur les autres.
les superbes bas-reliefs polychromes encore en bel état illustrent les cérémonies sacrificielles et la vie quotidienne.
Le désert, toujours et encore, entre deux sites archéologiques…
Chan Chan
Un temple du royaume Chimu, antérieur au peuple moche, au milieu du désert de sable … Très beau!
Entre les murailles en tapia ( mélange de pierres et de paille) , il n’y a pas de porte mais des angles savamment positionnés pour cacher chaque pièce du regard. De ce palais il ne reste aujourd’hui qu’un labyrinthe de murs qui s’élèvent parfois à plus de 7 mètres sur une longueur de 60 mètres.
Certains sont décorés de frises représentant des oiseaux ou des poissons stylisés, des serpents bicéphales, symbole de fertilité (nous trouvons bien des similitudes avec les figures mayas du Mexique).
oiseaux marins
le peuple Chimu, peuple pacifique, vouait un culte,vous l’aurez deviné, à la mer.
…
Puis nous continuons notre descente vers Lima en longeant la côte sur des routes de désert en croisant de rares barraques en bois, des villages d’une grande pauvreté, et des stations services isolées au milieu de nulle part.
pPour rejoindre un village à un autre, on utilise les mototaxis, chouchouté par leurs chauffeurs. Basile en raffole, c’est bien mieux qu’un tour de manège!
Huanchaco
ici, on savoure de délicieux ceviches, les meilleurs de toute l’Amérique Latine!
Cette petite ville au bord du Pacifique est connue pour ses cabalitos de totora, frêles embarcations de roseaux qui rappellent celles de Uros du Lac Titicaca (…prochain article!).
La Sierra
Depuis Casma, nous bifurquons et traversons des hauteurs vertigineuses, les chaines de montagnes de la Sierra.
les paysages changent rapidement, entre désert et hautes montagnes, l’air est de plus en plus froid.
La Cordillère Blanche
C est la petite Piaf qui monte qui monte, dans des petits virages serrés serrés… Anne Hélène serre les dents mais garde le sourire! Dans la piafmobile, nous gardons les yeux rivés sur le GPS pour battre notre record d’altitude! Il faut dire que nous approchons de la plus haute chaîne de montagnes tropicale de la planète. Nous traversons des paysages à couper le souffle, au sens propre du mot aussi: l’oxygène manque sérieusement!
nous avons atteint 4230 mètres!!!
Les pics rivalisent d’élégance, l’altitude se fait sentir et il faut reconnaitre humblement nous ne sommes pas des alpinistes chevronnés : nous nous essoufflons (pas les enfants!) en montant les moindres petites marches de la ville de Huaraz. Point de départ des treks, Huaraz est perchée à 3090 m, coincée entre les imposantes cordillères Blanche et Noire et prend l’allure d un Katmandou des Andes! Nous apercevons le plus haut sommet du Pérou, le mont Huascaran ( 6768 m) vers lequel les alpinistes s’aventurent.
La plupart des villages que nous traversons ont été entièrement détruits par les tremblements de terre. En 1970, toute la vallée fut ravagée et l’on compta plus de 80 000 morts. Les rues des villages reconstruits de manière impersonnelle arborent désormais de petits immeubles de béton disgracieux. Mais toujours animés: les marchés, les boutiques, les visages surtout égayent les rues les plus anodines.
on découvre de nouveaux fruits, à croquer, sucer, mâcher, chiquer …
Dans les villages, rien ne semble avoir changé depuis des siècles. Les costumes d’abord: jupes de laines de couleurs différentes enfilées les unes sur les autres, chemisiers brodés aux couleurs vives, un carré de tissu dans le dos placé en bandoulière permet de porter bébés, herbes, provisions…
Les chapeaux, entre le haut de forme et le melon, tressés ou feutrés, parfois ornés de plumes ou de fleurs varient de style d’un village à l autre, la couleur du ruban signifiant le statut social: noir ou brun pour les veuves, blanc pour les femmes mariées…
Sur la route qui nous mène à la lagune Chinancocha, l’air fleure bon l’eucalyptus. Le lac, bleu turquoise, est situé à 4750 mètres d’altitude. les parois des montagnes sont abruptes et on apercoit au loin 9 pics enneigés. Etrange pour nos références européennes: nous atteigons des lacs de glacier dans une douce température avoisinnant les 15 degrés.
Douceur de l air et de l’eau
En chemin, nous nous arrêtons pour une dégustation de cuy, les cochons d’Inde grillés, pas très appétissants et franchement coriaces! Gilles et Caroline se contenteront de regarder…
Lima
Le Paris-Dakar à Lima
Pour les derniers jours passés avec les parents, il est impossible de circuler dans la capitale péruvienne! Nous nous perdons dans les rues liméniennes au milieu d une foule euphorique, serrés comme des sardines entre les fanatiques de course de désert…
En attendant que le centre de Lima se vide de ses 4×4 vrombissants, nous flânons dans les rues de Miraflores et découvrons un Lima chic et paisible, avec sa promenade de bord de mer bordée de palmiers et de belles boutiques. le grand Lima colonial nous ouvrira ses portes plus tard, mais il est déjà temps pour les parents de boucler leurs valises. Nous avons le sentiment d’avoir découvert avec eux le visage d’un Pérou très varié et inattendu, et partager ce morceau de vie un peu à part.
ils pourront comprendre mieux que quiconque parmi nos proches (avec nos potes les Viard of course, et bientôt les Salmon-Ceccini en Bolivie!!!) ce qu’a signifié pour nous:
dénicher un nouveau nid tous les soirs, faire un exercice de géometrie dans les vibrations et les tournants, chercher désepéremment une carte sim pour l’ipad dans une ville inconnue, négocier entre désir d’exotisme et réalité d’une piste impossible en Amazonie, ils sauront combien l’eau est précieuse et compté notre usage électrique, comment charmer la police corrompue et rester ferme à la fois, pester contre un GPS incapable de vous donner le degré d’inclinaison et la largeur des pistes, préparer un repas pour 8 dans une cuisine d 1 mètre carré, jouer à1 2 3 soleil sur l altiplano, réciter une leçon sur Louis XIV dans la sierra, faire une toilette de chat, inventer des charades quand la route devient longue, lire en diagonale les guides touristiques et écouter son intuition, dresser une table dans le désert, gouter au bonheur d’une rencontre fugace sous un parapluie , donner à un tee shirt franchement crade l’apparence de propreté quand on en a que 3 , ils auront aussi compris le grand bonheur pour nous de dénicher un tuyau pour faire le plein et celui de trouver des toilettes dans une station service!
Le voyage apprend à s’assouplir, il aiguise l’intuition, il apprend à accueillir le miracle d’être emmenés par le souffle de chaque instant.
Et puis ils sauront combien pour nous vivre ensemble et voir tous les jours nos enfants grandis et transformés par la vie est un trésor inestimable!
Bientôt, dans le sud du Pérou, nous vous promettons des photos de lamas et de grands paysages andins,de belles rencontres aussi…On y est déjà!
You’ve inspired me. I must do this with my family.